La Pratique du pouvoir politique en haiti:entre Reconstruction et Developpement

Publié le par Delinord VALCIN

par Délinord VALCIN

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Haïti sera-t-il vraiment reconstruit ? Tout laisse présager que rien de sérieux ne se produira.Les différentes interventions sceptiques et inquietantes du secrétaire general de l’ONU ,M. Ban Ki Moon,du président dominicain,M. Leonel Fernandez,de la representante speciale de l’UNESCO pour Haiti,Mme Michaelle Jean, pour ne citer que ces personnalités importantes.Ces derniers temps,c’est la Banque Mondiale qui s’erige en notre defenseur en pressant les bailleurs de fonds à materialiser leurs promesses faites,lors  de la conference des bailleurs tenue à New-York, le 31 mars dernier.Selon cette institution financiere internationale,seulement 97 millions de dollars sont déjà decaisses,ce qui represente moins de 20% du montant total du fonds fiduciaire multi- donateurs.

 

Des politiques qui ne savent à quel saint se vouer et continuent à créer et/ou alimenter de faux conflits.L’absence d’un plan sérieux de reconstruction.L’inexistence d’un système de communication qui permettrait à chaque haitienne et chaque haitien sans aucune discrimination de sexe ou de classe de comprendre parfaitement de quoi il s’agit, en vue d’y participer activement.Un Etat qui n’a aucune vision prometteuse en matière de développement.

 

Qui dit reconstruction doit aussi penser développement. Le développement, de par sa nature et la perception qui en découle, implique une dynamique touchant non seulement l’économie, mais l’ensemble des structures sociales, politiques et culturelles.Avons-nous un Etat qui croit à la logique d’ensemble ? Les décisions concernant le pays et son avenir  sont en général prises arbitrairement. et en dehors des prescrits de la Constitution de 1987 en son article 40 qui stipule que le peuple haïtien a droit à l’information. Et qui pis est ceux qui les prennent n’ont même pas la capacité de les prendre d’un commun accord ou de faire en sorte qu’elles donnent malgré tout de bons résultats pour le pays.D’où une crise chronique de leadership. Personne n’a confiance en personne !

 

Résultats : faux problèmes, faux conflits, fausses visions, inertie totale. Le pays dans son ensemble en paie gravement  les consequences.L’extrême pauvreté continue à battre son plein. Elle est depuis après le séisme du 12 janvier à son paroxisme.Tout le monde en parle à travers les rues.Les riches comme les pauvres. Ce sont maintenant les étrangers qui  font croire qu’ils vont nous aider à reconstruire notre pays qui, en fait, n’a jamais été construit. Quel paradoxe ! Ces étrangers ont assurément leurs lots de problèmes.Mais attention ! Cette prétendue reconstruction dépend de la tenue de promesses fallacieuses faites par des bailleurs de fonds internationaux. De Janvier à nos jours, on se demande perplexe où sont ces faramineuses sommes à allouer à la reconstruction de notre pays. Entendez par là son développement.

 

Nous ne sommes pas tous dupes. Tout processus de développement doit a priori passer par des changements mentaux et sociaux. C’est dans ce même ordre d’idées que Perroux définit le développement comme “… la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à la faire croitre ,cumulativement et durablement, son produit réel global”.* De l’avis des spécialistes en Sciences du Développement ,le développement est un tout;c’est un processus culturel integral  chargé de valeurs (…).Le développement est endogène;il surgit seulement du for intérieur de chaque société,définissant souverainement  sa vision et son projet… Jusqu’à maintenant, nous ne sommes pas en mesure, en tant que peuple indépendant depuis 1804, de définir notre propre vision et notre propre projet. Comment allons-nous pouvoir reconstruire et/ou développer  notre pays avec des étrangers issus de sociétés et de cultures différentes ? Ça c’est un autre paradoxe important.En ce qui a trait à la souveraineté nationale, n’en parlons pas. C’est tellement bizarre !

 

Nos dirigeants sont fiers d’agir sous la dictée des étrangers. Comment changer cette culture politique détestable et compromettante ? Une culture qui fait de nous des sous-hommes, des abrutis, des vendeurs de patrie, des clowns. Dans la pratique du pouvoir politique en Haiti, ça devient malheureusement une normalité grimaçante et incompatible avec toute logique de reconstruction et/ou de développement.

 

G.M. Meier & R.E. Baldwin nous apprennent ce qui suit ,en distinguant,pour leur part,trois catégories d’obstacles au développement: les imperfections du marché,les cercles vicieux,les forces internationales;ils ajoutent que ces categories sont interdépendantes et se renforcent mutuellement.** Considérant la troisième catégorie d’obstacle se référant aux forces multinationales par rapport au plein pouvoir masque de la MINUSTAH sur le territoire national,il est très difficile,voire impossible, d’être optimiste en tant qu’haitien averti.

 

Les étrangers n’ont aucun intérêt à reconstruire et/ou developer pour nous ,avec ou sans nous Haiti.Ils peuvent tout simplement , au regard de notre incapacité à nous entendre pour penser développement endogène, éterniser  à travers un faux discours de reconstruction,leur logique d’assistanat problématique faisant d’haiti seulement leur laboratoire et leur vache à lait.

 

La reconstruction et/ou le développement d’haïti devrait avant tout, pour être une réalité, passer par le développement de l’homme haïtien, et  ceci dans la dynamique d’un nouveau paradigme de coopération internationale.

 

 

*   Fr. Perroux, ‘’  Les blocages de la croissance et du développement-la croissance, le développement, les progrès, le progrès(Définitions) ‘’, Tiers-Monde, T. VIII, No 26, avril-juin 1966, p.240

 

** G. M. Meier et R.E. Baldwin, Economic Development-Theory-History-Policy, New-Yrok, London, John Wiley & Sons, Inc., 1957, p. 333

 

 

 

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